jeudi 4 novembre 2010

Avatars

 
Ce que j'apprécie le plus avec Internet, c'est cette possibilité de changer de nom comme de chemises, et de bénéficier d'un relatif anonymat dans mes actions d'internaute. Cependant, deux évènements m'ont fait réfléchir sur ce sentiment de confort : 1- la difficulté à résilier un compte créé sans passer par une lettre avec AR et photocopie d'identité ; 2- un lifeban d'un chan IRC (celui du Netophonix en l'occurence) après avoir trollé sur un changement de pseudonyme.
 
Les éléments suivants me sont apparus :
 
1- l'anonymat est un mensonge sur internet, ce qui semble être librement donné ne l'est pas. Par conséquent – et dieu seul sait si une leçon a toujours besoin d'être rabâchée pour être appliquée – il ne faut pas donner de renseignements personnels par ce biais, non pas en vertu d'une conservation de sa liberté personnelle, mais afin de limiter la circulation d'informations personnelles. Il faut mentir sur tout, donner des informations contradictoires et invérifiables, et déserter les médias de socialisation, qui ne sont qu'un moyen convivial de profiler les internautes.
 
2- la possibilité de se créer des avatars multiples ne signifie pas que les gens voudront renoncer à l'identité unique ; nous pourrions même dire que les avatars ne sont qu'un moyen de renvoyer à une même identité sans s'y référer directement, et instaurer une ambiance conviviale. Dit autrement, l'avatar n'est qu'un biais bénin à l'angle duquel on veut être considéré dans son authenticité. Ou encore, l'avatar n'est qu'un moyen de simuler l'anonymat , alors qu'au final, on s'est juste inventé un nom sur internet, qui ne diffère en rien du rôle de notre patronyme de naissance dans la société. Dommage, je trouve qu'internet ne devrait pas se cantonner à répéter les mêmes habitudes de notre société.
 
3- Je me demande également si ma volonté de multiplier les pseudonymes, avatars, et tutti quanti, correspond réellement à une liberté plus grande, ou si ce n'est qu'un enfermement dans la dispersion : ne pouvant agir avec cohérence dans une optique générale, je finis par privilégier des actions dispersées en leur attribuant des profils précis. Ce qui montre qu'internet ne me permet pas d'être davantage libre, mais juste davantage permissif par rapport à une incapacité à organiser les choses. Je me fixe donc des carcans à travers une marge plus grande d'expression.
 
La liberté permet aussi de ne pas s'en servir. Il suffit de le vouloir.