mardi 28 décembre 2010

Poésie et littérature

1 mois s'est écoulé, et bien des choses se sont produites. Je me suis enfin remis à un vieux projet de recueil de poésies qui me tenait à coeur.

Le concept initial était l'histoire d'un garde dans une tour de guet au seuil d'un pays hostile et inconnu, qui racontait comment une force surnaturelle et hostile avait fini par contaminer tout le monde, et comment il avait réussi à l'endiguer en tuant et crucifiant tous ses camarades, avant de devoir se crucifier lui même par un système tortueux. Cette force ne pouvant être définitivement tuée, il finissait toujours par ressusciter, voir ses compagnons agoniser, et lui même mourir et renaître sous son emprise. L'histoire qu'il racontait lui permettait de se souvenir du combat et de lutter pour que sa lucidité ne soit pas complètement engloutie par la créature. Je prévoyais une fin dans laquelle des renforts finissaient par arriver, et par tuer définitivement tout le monde en les immergeant dans de l'acide.

Le recueil se décomposait en différentes parties dont les titres reprenaient le premier vers de chaque poésie, en rimes croisées ; chaque vers faisait 13 syllabes, ou groupait avec un autre 26 syllabes (multiple de 13).

A partir de l'histoire, j'élaborais un schéma cohérent d'images sur la métaphore christique du sacrifice par crucifixion, en renversant la perspective pour montrer une souffrance qui se répète perpétuellement (au contraire d'un martyr qui s'achève par une élévation) ; les brusques ruptures dans les phrases quand le narrateur commence à perdre pied avec la réalité, que ce soit dans la douleur, ou dans la possession de son être par cette "force" ; les répétitions pour ses efforts pour rester dans cette réalité ; enfin, et surtout, c'était l'occasion de montrer ma notion de l'héroïsme dans son aboutissement extrême, le sacrifice de soi dans une douleur qui ne cesse jamais, et l'aspiration à la mort pour la faire cesser, et assurer définitivement le triomphe du Bien pour lequel on s'est battu.

Si ce projet ci est en sommeil, j'ai repris son concept à la base, en me rendant compte qu'il pouvait aussi être pris comme une allégorie élogieuse de la xénophobie. Je me suis alors dit qu'il fallait renverser l'idée à la base et raconter l'histoire d'une personne qui voit une tour de guet avant de mourir. On ne sait pas qui il est vraiment, ni d'où il vient ; mais il est venu fuir quelque chose de terrible, et il meurt avant d'y arriver. Les gens, dans le pays où il veut entrer, sont insouciants, rassurés par la présence de la tour de guet. Mais cette tour est présentée sous un jour sinistre, comme une sorte de menace latente sur le pays qu'elle protège.

Je me suis aperçu très vite que ces deux projets peuvent constituer un diptyque, entre le héros qui finit par désirer sa propre mortalité pour se réaliser, et un parfait inconnu qui aurait voulu encore vivre pour être heureux et fuir une abomination, deux figures paradoxales du héros, et un recueil consistant en poésies. Les travaux préparatoires s'annoncent d'ores et déjà laborieux, même si le processus d'écriture s'est depuis tout ce temps affiné. Avant, j'aurais essayé d'emprisonner un moment d'inspiration dans un ensemble cohérent et frappé d'une méthode rigide de composition. J'ai depuis appris à mieux réfléchir, et à au contraire le laisser me guider sans essayer de le contraindre à prendre une cohérence immédiate et définitive pour qu'un lecteur (moi seul, pour ce que j'en sais) fasse le lien.

La littérature, et toute tentative littéraire, est PRECISEMENT la volonté de ne pas circonscrire un sujet à un sens unique que ce lecteur idéal reconstituerait ; elle est au contraire la volonté d'être sujette à une perpétuelle ré-interprétation de chaque lecteur, et cette confrontation fonde l'intérêt d'un livre : renaître à chaque lecture sous une forme nouvelle, et devenir une parcelle partiellement déterminée de la culture dont elle enrichit le substrat par des images nouvelles.

Je me méfie, au fond, de toute littérature qui prétend à "reconstituer la réalité". Ce genre de littérature, à mon humble avis, se ment en ce qu'elle ne fait que représenter une version, sa version de la réalité. Par conséquent, elle ne reconstitue rien, et n'a pour but que de leurrer en dogmatisant une vision. L'innocence d'une vision contient toujours la trame d'une interprétation, ce credo que j'ai toujours martelé à qui voulait entendre (et peu sont dotés des oreilles nécessaires pour l'entendre ...) se vérifie à chaque encre versée pour "l'amour de la vérité", que l'on devrait, à l'instar d'un nietzsche light changer en "l'amour de ma vérité" pour que l'honnêteté de la démarche artistique d'un tel type d'auteur soit définitivement mesurée.

La littérature ment tout le temps, au même titre que la religion, non par nécessité, mais par esthétisme. Il est beau de se mentir en pensant que l'on oeuvre pour quelque chose d'authentique, et dégagé de tout subjectivisme, quand la rigueur de la démonstration s'effondre sitôt que l'on se dit "mais quel oeil voit tout cela, un oeil n'est il pas gouverné par une interprétation ? Se pourrait il qu'une démonstration repose toujours sur quelque chose de faillible, et d'interprétatif?"

On pourrait me reprocher, du reste, de me contredire, en donnant tout d'abord un script extrêmement précis d'un recueil poétique en lui attribuant d'emblée un nombre fini de portées et d'interprétation, avant de proclamer que toute oeuvre n'est qu'une représentation subjective d'une réalité et sujette à une infinité d'interprétations. C'est oublier qu'une oeuvre est toujours écrite dans une intention plus ou moins précise. Une fois que le lecteur reçoit l'oeuvre, il ne s'agit plus de savoir si cette intention est comprise, mais ce que le lecteur en retire en définitive. C'est ici que la littérarité naît, et généralement, que les critiques littéraires gâtent tout avec leur glose taxinomiste.

mardi 30 novembre 2010

Lectures (IV)

Le temps commence à filer. Je viens de commencer La Horde du Contrevent, et la première chose que je me suis dit au bout de trois pages est :

Enfin

J'ai enfin trouvé un nouvel auteur sachant écrire quelque chose d'intéressant dans la fantasy. On a pas idée du nombre d'âneries mal écrites qu'on veut faire passer pour de l'imaginaire avec pour seul horizon un recyclage fade des vieux clichés du genre, et une narration encore plus plate qu'une réunion d'experts comptables.

Alain Damasio, un nom à retenir en tout cas, les belles trouvailles sont tellement rares dans un genre réputé difficile ... Une écriture protéiforme et magistrale, un contenu passionnant, on frôle la perfection stylistique d'une Le Guin et d'un Stefan Wul (les gens qui n'ont jamais lu un seul livre de ces deux auteurs sont priés de parfaire leur culture générale en parcourant le cycle de l'Ekumen et Nôo). Chaque ligne mérite d'être déclamée pour mieux en apprécier les sonorités savoureuses

Je terminerai probablement à la fin de cette semaine ce livre. Si mes premières bonnes impressions se confirment, je pense ajouter une nouvelle référence à ce que je connais déjà, et acheter les yeux fermés chaque livre qu'il écrira.

Qu'il prenne son temps, comme il semble habitué à le faire ; à l'ère du tout industriel, un tel oeuvre n'en brillera que davantage.

mardi 9 novembre 2010

Lectures (III)

 Avant dernier Cycle de Covenant de Donaldson terminé. Belle qualité littéraire.
 Ouvrage sur la posta bientôt terminée. A relire plus attentivement pour une bonne imprégnation de ses idées.

La remise au jour de vieille poésie m'a donné envie d'en refaire. A voir.

Un peu de mélodie

lundi 8 novembre 2010

Deathspell Omega

Ne roulant pas sur l'or, j'ai pu avoir une écoute attentive du tout dernier Deathspell Omega sur deezer. Et d'être à nouveau surpris par ce groupe très particulier.

Deathspell Omega est connu dans l'underground du metal extrême comme pratiquant un black metal aussi malsain que sophistiqué, le tout dans une approche extrêmement érudite de certains points de théologie chrétienne. Après un Fas- Ite, maledicti in ignem Aeternum d'une intensité rarement atteinte dans le genre, tant dans la violence que dans l'atmosphère, proprement irrespirable, je m'attendais à une continuïté et une condensation dans la violence exprimée, en gardant cette ambiance ténêbreuse suffocante.

Je me suis trompé. Si la violence est toujours présente, l'opus se concentre davantage sur les ambiances, empruntant parfois des sentiers un peu saugrenus, comme le mid tempo Dearth, dont les accents désolés peuvent rappeller Cult Of Luna période Somewhere along the highway . Le post hardcore n'a jamais été une influence criante à ce que j'ai pu entendre de leurs méfaits précédents, ni de l'album que je possède.

Le groupe garde cependant sa marque de fabrique à travers des structures assez difficiles d'approche, une violence vindicative évocatrice d'un chaos contrôlé, une batterie quasi free-jazz dans sa propension à éviter la linéarité (Devouring Famine, sorte de mini Fas). La différence réside vraiment dans l'apparition de passages mélodiques au spectre étrangement restreint, aboutissant parfois à des clôtures majestueuses (Epiklesis II, et un Phosphene implacable) pouvant rappeller l'Immolation de Failure for Gods, ou à l'apparition du groove notamment dans les motifs de basse surnageant cet océan de noirceur (Le monstrueux Have you Beheld the fevers?) .

En tant que clôture de leur fameuse trilogie, Paracletus n'est pas une conclusion. L'envisager dans sa continuïté par rapport aux autres albums seraient une erreur -erreur que je me suis fait joie de commettre- cette musique n'est absolument pas là pour éclairer, elle est une évocation imagée d'un concept qui lui même attend un effort particulier de l'auditeur pour être compris et appréhendé. La triple violence est ici : violence de la musique, violence de la démarche artistique, violence de la réception.

Les trois voies pour amener l'auditeur à la clarté des ténèbres.

Deathspell Omega - Paracletus

jeudi 4 novembre 2010

Proverbes et maximes (I)

Il y a trois manières d'enfouir la curiosité :
 
- ne rien dire du tout pour ne rien transmettre.
- tout dire du rien pour ne transmettre que le rien
- tout dire du tout pour ne rien transmettre du tout.
 
Dans une démocratie, le risque constant de l'éducation se borne à cela. Et l'éducation ne se borne pas qu'à celà.
 

Godwin

Lectures (II)

J'ai interrompu la lecture du Degré zéro de l'écriture de Barthes, qui demande une bonne concentration (lire barthes se fait avant tout le soir, quand l'attention n'est pas court circuitée) ; j'ai tenté un moment celle de Pygmy, le dernier palahniuk (l'écrivain du "Fight Club"), avant de rapidement renoncer devant l'indigence de l'auteur à présenter une intrigue intéressante à son lecteur.
 
Je lui donne encore une dizaine de page avant de le renvoyer là où il n'aurait jamais dû sortir
 
Par contre, j'ai commencé Ethique et Politique de Schopenhauer avec un certain plaisir, ce qui me convainc de rattraper mon retard dans la connaissance de sa pensée.
 
Sur Internet, je suis pour l'instant intéressé par le lien média - politique - novlangue - subversion. Autant dire qu'il me faudra bien chercher avant de trouver quelque chose de potable. Acrimed, et mouvements.info sont cependant d'une grande aide (La Chronique Marseillaise, comprenne qui pourra, a été particulièrement instructive)
 
Pour wow, il est toujours aussi drôle de lire les débats sur le forum Jcj (c'est une récréation bienvenue), et il m'arrive de regretter le temps où je pouvais y poster quelque chose.

Avatars

 
Ce que j'apprécie le plus avec Internet, c'est cette possibilité de changer de nom comme de chemises, et de bénéficier d'un relatif anonymat dans mes actions d'internaute. Cependant, deux évènements m'ont fait réfléchir sur ce sentiment de confort : 1- la difficulté à résilier un compte créé sans passer par une lettre avec AR et photocopie d'identité ; 2- un lifeban d'un chan IRC (celui du Netophonix en l'occurence) après avoir trollé sur un changement de pseudonyme.
 
Les éléments suivants me sont apparus :
 
1- l'anonymat est un mensonge sur internet, ce qui semble être librement donné ne l'est pas. Par conséquent – et dieu seul sait si une leçon a toujours besoin d'être rabâchée pour être appliquée – il ne faut pas donner de renseignements personnels par ce biais, non pas en vertu d'une conservation de sa liberté personnelle, mais afin de limiter la circulation d'informations personnelles. Il faut mentir sur tout, donner des informations contradictoires et invérifiables, et déserter les médias de socialisation, qui ne sont qu'un moyen convivial de profiler les internautes.
 
2- la possibilité de se créer des avatars multiples ne signifie pas que les gens voudront renoncer à l'identité unique ; nous pourrions même dire que les avatars ne sont qu'un moyen de renvoyer à une même identité sans s'y référer directement, et instaurer une ambiance conviviale. Dit autrement, l'avatar n'est qu'un biais bénin à l'angle duquel on veut être considéré dans son authenticité. Ou encore, l'avatar n'est qu'un moyen de simuler l'anonymat , alors qu'au final, on s'est juste inventé un nom sur internet, qui ne diffère en rien du rôle de notre patronyme de naissance dans la société. Dommage, je trouve qu'internet ne devrait pas se cantonner à répéter les mêmes habitudes de notre société.
 
3- Je me demande également si ma volonté de multiplier les pseudonymes, avatars, et tutti quanti, correspond réellement à une liberté plus grande, ou si ce n'est qu'un enfermement dans la dispersion : ne pouvant agir avec cohérence dans une optique générale, je finis par privilégier des actions dispersées en leur attribuant des profils précis. Ce qui montre qu'internet ne me permet pas d'être davantage libre, mais juste davantage permissif par rapport à une incapacité à organiser les choses. Je me fixe donc des carcans à travers une marge plus grande d'expression.
 
La liberté permet aussi de ne pas s'en servir. Il suffit de le vouloir. 
 
 

Le Grand Raptor

Cette question n'a de sens que si elle en a.

un peu de lecture

 
Il faudrait être stupide pour se soucier d'avoir toujours quelque chose à dire au lieu de savoir ce que l'on veut exprimer - et l'exprimer de la manière la plus éclairante possible.
 
 
Peu de choses à dire sur ce qui fait actualité ces jours ci en France, la seule chose à peu près intelligente ayant été un débat entre Besson, Ferry, Vals et Fourest. Des blogueurs de Mediapart ont beau parlé d'un débat trop fouillis, avec des invités pas forcément bien choisis, il y a bien eu des positions et idées intéressantes.
Parler d'ailleurs d'informations "trop complexes" est assez comique quand l'on voit le niveau général des débats actuels. Réjouissez vous qu'il y ait du contenu, il est si souvent inexistant !
 
(A propos d'Hadopi)
 
La mise en application d'Hadopi n'aura à terme qu'une seule conséquence : une popularisation des plateformes alternatives de téléchargement illégal pour les script kiddies, et les lamers, et le développement de solutions illégales pour le public trop manchot même pour faire partie de ces deux catégories.
 
Une bonne partie du contenu piraté circule au su et au vu de tous sur internet, youtube en est un exemple, over-blog n'est pas différent(partez faire un tour sur les blogs permettant le téléchargement de mangas par exemple ...). Les principaux instigateurs de réseaux pirates ne seront pas touchés, ni le public vraiment déterminé à accéder illégalement à ce contenu. Au lieu de réprimer exclusivement ceux qui téléchargent ces oeuvres, il faudrait développer la création libre. Mais on ne peut demander quoi que ce soit (je me répète) à des hommes politiques qui ne savent rien et à un ministère qui a refusé d'accueillir Richard Stalman.
Je ne vais pas me répéter cependant. Il n'y a aucune politique menée parce qu'il n'y à qu'une communication politique, sans regard politique.
 

questions rhétoriques

 
 
Que diront les historiens du futur de notre époque, en plus de cette propension actuelle à dramatiser une action afin d'en uniformiser le sens ? Leur regard sera t-il assez perspectiviste pour enfin s'extraire des miasmes d'une idéologie de la performance? Ou dédaigneront ils définitivement une étude trop microscopique de ce qui serait devenu un lieu-commun ?

Quand l'on assiste à cet espèce de sot(t)i(s)e autour de la question des gens du voyage et des roms, les gesticulations qui ne trompent personne, amusent parfois, atterrent toujours sur le degré de pourrissement de notre société, on en serait presque à les plaindre tant il n'y a que peu à dire de nouveau sur la situation sociopolitique actuelle.

Les acteurs de cette bouffonnerie en sortent avec les mains encore plus sales (elles étaient pourtant loin d'être immaculées), le public laisse ses habitués crier leur indignation, et feint l'étonnement d'être éclaboussé par toute cette ordure, et les journalistes, les journalistes ... que peuvent ils faire d'autre que leur horrible, et merveilleux métier, brossant la scène avec la maestria pathétique du chroniqueur mondain, dont la matière, devenue si consistante qu'elle se change en humus purulent, amplifie cette tragédie ?

Si un jour un historien voulait condenser en un mot le contexte actuel, aidons le dés maintenant : le dégoût.

Nous lui laisserons le soin de tisser l'enchevêtrement qui en fait le sentiment maître, à défaut de pouvoir, englués que nous sommes dans la trame du ici et maintenant , réagir d'une manière suffisamment digne pour mériter le rôle que nous ne jouons plus. Pour l'instant.
 

Et si on brûlait le Coran (et la Bible)(et la Torah)(insérez le nom d'un texte sacré)

 
 
Le projet de Terry Jones ,aurait été bienvenu dans le contexte actuel. S'il avait eu le courage d'aller au bout de sa démarche, il aurait pu brûler le Coran, la Bible, et la Torah, ainsi que tous les textes sacralisés, afin de réaffirmer le caractère blasphématoire de tout acte de subversion - replacer l'homme dans son credo et la pratique de son credo - et faire montre d'une initiative remarquable, pour démontrer qu'une lecture littérale fait sombrer dans l'autisme.

Son comportement provocateur est d'autant plus remarquable qu'il est parfaitement reproductible en remplaçant le coran par la bible, l'accusant mêmement d'être par nature totalitaire, de ne pas reconnaître la séparation de l'Eglise et de l'Etat, d'être incompatible avec la démocratie et les droits de l'homme (de la femme surtout), de condamner à mort l'apostasie, et de persécuter les non-chrétiens. Il aurait raison aussi de pointer cela, sans pour autant discréditer ledit livre sacré et ladite religion.
 
La dénonciation d'une pratique religieuse en faisant mine de détruire son texte fondateur, est le geste typique d'une personne impuissante. Je pourrais tout autant brûler la Constitution américaine pour son deuxième amendement, en arguant qu'il a permis à des meurtriers d'acheter une arme dans une optique d'agression : un acte n'est relié qu'à une interprétation. Le texte échappe à toute tentative de réduction - il peut être interprété de tant de manières qu'il finit par pouvoir contredire tout ce qu'il pourrait signifier, et l'on pourrait arguer qu'il encourage précisément le contraire de ce qu'il est supposé promouvoir.
La vérité est qu'une interprétation ne peut avoir de valeur de vérité, et qu'une doctrine n'est juste qu'une interprétation du monde qui se donne pour but de définir la vérité.

Qu'on lise un peu le Discours décisif d'Averroès, par exemple, pour se rendre compte des profondes contradictions à vouloir concilier  foi et exercice de la raison. Que le Discours décisif ait été à la fois interprété comme un encouragement à l'intolérance religieuse, et un signe avant coureur de tolérance religieuse, n'est qu'un conséquence indirecte de cette détresse à vouloir réaménager une liberté dans un corpus doctrinal, en essayant de refaire la cuisine originelle par la variation de ses ingrédients.

En fin de compte, il n'y a rien de vrai dans une doctrine puisqu'elle n'est qu'une interprétation, sujette à interprétation, et impropre à définir l'objet qu'elle s'est attachée à fixer, sa définition ne reposant pas sur une base définitive. Des philosophes ont tenté le coup, les théologiens aussi, et pour ce que j'en sais, tous ont échoué à définir la vérité (tout au plus ont ils pu définir leur vérité), et ne s'en sont réduits qu'à des gesticulations sur les édifices pesants de leur argumentaire.
 
Le vrai acte subversif aurait il vraiment consisté à brûler tous les textes sacrés ? L'homme est un animal stupide : il faut ruiner les idoles pour qu'il se remette à réfléchir légèrement en dehors du cadre qu'il s'est imposé par elles. Mais cela ne change rien au problème : brûlerait on des contenus doctrinaux, absolument rien ne l'empêcherait de continuer à interpréter de manière doctrinale, et d'agir en conséquence. Et la démarche consistant à brûler des idoles est une interprétation aussi doctrinale de l'idole qu'elle même.

Que dire, arrivé devant une telle aporie ? Ceci. Il n'existe aucune vérité immanente, et chaque manière de voir les choses est contredite par sa formulation, avec des prémisses réfutables, selon une échelle de valeurs elle même faillible. Terry Jones estime que le coran est dangereux dans les vérités qu'il prétend révéler. Moi je prétends que le coran est dangereux dans tout ce qu'il peut engendrer d'interprétations, la mienne comme la sienne incluse. Mais en cela, rien ne le différencie des autres textes à vocation religieuse.
 
Je me souviens d'une Syrienne (les circonstances importent peu) qui parlait de son vécu après avoir abjuré la foi musulmane pour adopter le credo chrétien. Quand je lui ai demandé "certains historiens pensent que jesus christ n'aurait pas été le seul enfant de Joseph et Marie, vous pourriez y croire ?". Et elle de me répondre "Non, je ne peux pas croire cela".

J'avoue avoir intérieurement jubilé de voir qu'elle avait changé de religion parce que cela l'arrangeait, et pas parce qu'il y aurait une plus grande légitimité à choisir l'une des religions à l'autre. Oh, je respecte le choix qu'elle a fait, mais si elle s'était ensuite mise à faire un éloge du christianisme par rapport à l'islamisme, en pensant que son choix avait valeur d'exemplarité, je me serais bien amusé à lui demander en quoi le remplacement d'un dogme par un autre témoigne d'un quelconque esprit de grandeur, surtout quand rien ne permet d'affirmer que l'un aurait une valeur supérieure

Un article ; ce que j'en conclus sur les blogs en général

Un petit extrait qui m'a interpellé dans le journal, sous le titre "Menaces sur le web : les drôles d'excuses du blogueur"
 
"Interpellé vendredi pour avoir menacé sur son blog de commettre un massacre à la réunion, l'internaute dionysien a posté un surprenant message d'excuses publiques hier matin sur ce même site.

"Permettez moi de vous exprimer mes excuses les plus sincères pour les propos tenus mardi dernier, les réflexions et les états d'êmae personnels n'auraient jamais dû être publiés sur un site professionnel , même si on peut comprendre la difficulté passagère et les quelques tensions qui peuvent exister dans chacun de nos quotidiens"

posté hier matin sur son blog musical, ce message d'excuses intitulé "petite mise au point" et signé de l'internaute dionysien "Alias" a rapidement remplacé le long article de menaces publié mardi par ce même blogueur
Ayant semble t il pris conscience de la panique suscitée par ses propos relatant son intention de commettre un carnage à la Réunion avant de mettre fin à ses jours, le Dionysien de 35 ans a rapidement réagi en publiant cet acte de contrition pour des écrits attribués à son état dépressif. Des faits de menaces publiques qui lui ont valu vendredi un rappel à la loi, après son interpellation et la perquisition de son domicile par les enquêteurs de la sûreté départementale.
Il faut dire que la police avait pris l'affaire très au sérieux après que le message ait été signalé par de nombreux internautes (...)
Toutefois, la teneur du message publié hier peut encore laisser songeur. Sur 30 lignes de texte, à peine cinq sont consacrées aux excuses à proprement parler, les 25 autres s'attachant à rappeler un peu lourdement toutes les réalisations et belles trouvailles du blog, et appelant les internautes à le visiter plus souvent"
 
Paru dans le Journal de l'Ile de la Réunion d'aujourd'hui page 4 à la rubrique Fait Divers par Sébastien Gignoux (j'ai modifié la mise en forme).
 
Quelques remarques sur le principe :
 
- la prétention des gens est impressionnante quand ils créent un blog. Ils croient que ce qu'ils écrivent est ou doit avoir une grande importance. En l'occurence un blog n'est, en tout et pour tout, qu'un journal intime où son opinion occupe une place prépondérante.
Une opinion est toujours subjective. Son importance ne peut donc résider que sur deux points 
Le premier est l'égocentrisme. Elle peut aboutir à la recherche du fanboyisme
Le second est la controverse. L'objectif est de parvenir au consensus entre soi et autrui (en d'autres termes une transformation de soi par la conquête de l'approbation d'autrui).
 
- Au delà de cette prétention à croire que ce que l'on pense a de la valeur, il existe une prétention plus grave encore, celle d'écrire quand l'on ne devrait pas écrire. Quand ne doit on pas écrire ? Quand le sentiment qui anime le blogueur le pousse à davantage exprimer son agitation qu'à prendre du recul par rapport à sa réaction.
Notez bien que je ne reproche pas au blogueur d'avoir une réaction violente ; simplement elle ne devrait pas dépasser la sphère strictement privée, ni s'épancher dans une prose conformiste et convenue.
 
Devenir le nègre de ses propres passions, en cristallisant un état transitoire bariolé, n'a d'intérêt que pour ceux qui préfèrent traiter une information purement contextuelle, que de chercher une vision d'ensemble constituée d'une constellation de perceptions et d'actions dissemblables.
 
Il vaut mieux se décharger de toute l'émotion ressentie pour ensuite s'intéresser  aux raisons de cette réaction. Pourquoi tel fait suscite avec une telle violence ma réaction ? Quelle part de moi-même cet évènement heurte t-il? Qu'ont ils à gagner à agir ainsi ? On aura soin, au préalable, de se remémorer, ou d'avoir consigné l'intensité de sa colère, dans une démarche rétrospective, et non à exhiber sur le net sa vertu blessée au premier quidam venu.
Une fois que l'on parvient à avoir un regard distancié sur sa première réaction, on peut envisager d'en retranscrire la teneur. Quitte à la moduler selon les apports exterieurs, ou au fur et à mesure que l'on redécouvre des moyens de l'évaluer autrement que par le strict critère affectif.
 
Une réaction n'a rien d'intéressant tant qu'elle ne fait que de se renvoyer à elle même. La paraphrase imparfaite n'intéresse que les imbéciles. Dés lors que cette réaction aboutit à une action, il est intéressant d'en rendre compte et d'en discuter, dans une volonté de "corriger" l'évènement qui l'a engendrée, dans une volonté d'exprimer sa position face à cet évènement, ou en vue de la rectifier. 
 
Nous arrivons au terme de mes  réflexions oiseuses. Les gens doivent éviter d'utiliser les blogs comme l'antichambre de leurs affects, car cela n'est certainement pas un motif de discussion. Bien plus intéressants sont ce qu'eux mêmes en tirent, et ce qu'ils en font pour influer sur le monde qui les entoure . De manière générale, un blog ne devrait pas tant servir de défouloir, que constituer un outil pour l'enrichissement de son expérience et sa perception. Le piège est de finir par convaincre autrui que notre discours fait partie d'une action sur le point de se produire, alors qu'il n'est généralement qu'une expression définitive d'un état fugitif.

en écoutant Là bas si j'y suis

En écoutant ça, je me suis posé quelques questions sur ce que les grèves peuvent bien signifier : une propension anarchique à la résistance contre un pouvoir en place aristocratique (le libéralisme dans ses avatars actuels ne diffère pas de l'aristocratisme mercantile), la manifestation d'une forme référendaire de gouvernance encore trop civile pour devenir politique, ou un recours à la facilité pour exprimer son désaccord (le courage serait de tout dissoudre).
 
Je me demande quand il y aura une réaction insurrectionnelle. Ou plutôt comment on en est arrivé à ne plus l'envisager comme une possibilité
 
 

Propriété intellectuelle, réflexion sur la musique (II)

Dans le billet précédent, j'explorais la problématique du piratage du point de vue de l'organisation de la distribution de l'oeuvre artistique. Le premier garde-fou est d'assurer une absence de contrainte supplémentaire dans la diffusion d'une oeuvre culturelle, voire, de libérer davantage ladite diffusion. En clair, la première chose à considérer dans la lutte contre le piratage des oeuvres musicales sur internet, est d'éviter qu'elles ne soit limitées par les moyens hors internet, y compris par les lois que nous créérons pour la défendre.

Nous pouvons même dire qu'une loi qui rend plus problématique la diffusion d'une oeuvre culturelle par les canaux habituels incitera les gens à utiliser internet pour se le procurer.

Je pars du principe que la défense doit consister à multiplier la présence d'un type de média plutôt que de le restreindre à un nombre limité d'occurences. Soyons lucide, 90% des gens cherchent la facilité dans l'obtention d'un bien, que ce soit une fourchette de table, ou bien une intégrale de Beethoven. Si l'on essaie de les contraindre à adopter un comportement étranger, la première chose qu'ils feront sera de refuser (refuser relève de la facilité ; c'est choisir qui est difficile), et de trouver un moyen de contourner la contrainte. Les plus astucieux d'entre eux vont même considérer que l'interdiction faite justifie que l'on évite d'en prendre compte et agir en conséquence.

Multiplier les voies d'accès ne suffit pas. Si l'on met en place une myriade de mesures, mais toutes plus compliquées que celle que l'on veut éviter, on a déjà perdu. Pour assurer la protection des artistes, il faut non seulement assurer des alternatives adaptées aux modes d'exposition possibles, mais aussi ne pas s'y limiter. Si l'on veut tenter d'enrayer le phénomène du piratage de la musique par internet, il faut faire en sorte qu'elle soit accessible aussi en dehors.

J'irais même plus loin, il faut que la musique devienne une question intériorisée par l'individu, afin qu'il ne confonde pas les couverts qu'il achète, et l'oeuvre musicale dont la pérennité et l'intérêt ne sont pas du même ordre. Si l'on veut réfléchir sur une responsabilisation des gens, il faut modifier l'éducation actuelle pour accorder une plus grande place à l'enseignement artistique et aux actions culturelles ; cela pour qu'il envisage l'oeuvre comme un élément qui ne peut exister sans l'acceptation du contrat proposé par l'artiste ("je te remets le fruit de mes tripes, et je reçois en retour la rétribution de mes efforts pécuniers pour y parvenir).
 
Mon prochain billet s'intéressera à cette dimension humaine.

propriété intellectuelle, réflexions sur la musique (I)

Les mesures actuellement annoncées par le gouvernement français dans le domaine de la protection de la propriété intellectuelle appellent un certain nombre de remarques. On évacuera les considérations sur l'absence de connaissances décentes des élus ayant autorité à en débattre.
Je renvoie à une date ultérieure mes diatribes hystériques sur et contre la démocratie parlementaire, vecteur d'une aristocratie où le peuple choisit de ne plus rien décider, et ce, en toute démocratie. Ce type de discours n'engage à rien, entraine souvent le locuteur le plus maladroit à à la propagande fasciste généralisante, et dans ce contexte tient plus du discours de l'idéaliste pantouflard que d'un révolté actif.
 
Je vais surtout faire le point sur le piratage, notamment des fichiers musicaux, selon le prisme personnel éthique. Mon but est de considérer selon quel impératif je pense qu'une loi ou un principe de loi devrait être appliqué.
 
Manheim, sur son blog avait un point de vue intéressant de la chose. Manheim est un ancien membre du groupe norvégien de black metal Mayhem. Il faisait l'observation que les copies illégales des premières démos et albums ont été l'une des conditions qui ont permis à Mayhem de décoller, et de trouver son public. Sans le phénomène de tape-trading, le groupe ne serait peut être pas arrivé au même degré de célébrité que celui qu'il a actuellement.
Maintenant, faisons la part des choses. Manheim ne légitime pas le piratage dans son ensemble ; il montre que la circulation d'un bien culturel n'a pas forcément à emprunter les réseaux classiques pour avoir un effet bénéfique sur les artistes qui les produisent. Ce qui veut dire que la protection de la propriété intellectuelle peut déboucher sur l'entravement de ses possibilités d'extension si elle ne s'en tiennent qu'à la préservation des moyens classiques. Ce qui veut dire aussi que les moyens classiques de diffusion d'une oeuvre font preuve d'une pesanteur qui en limite la portée.
 
Si l'on veut lutter contre les diffusions illégales d'oeuvres artistiques, la première piste qui me vient à l'esprit consiste à multiplier les vecteurs de diffusion complémentaires et différents, afin de toucher le public le plus large. Pour protéger la propriété intellectuelle, il faut qu'elle se manifeste partout. Cette dernière idée sera approfondie au prochain billet.

des sondages

C'est drôle comme aujourd'hui on accorde de l'importance aux sondages pour dire ce que 60 millions de personnes pensent. Cela ne signifie ni que les sondés ont raison, ni qu'ils représentent ces 60 millions, ni que cela est un élément pertinent aux hommes politiques pour prendre des décisions pour "le bien commun".

Dieu merci le pouvoir reste concentré entre des mains expertes. Histoire que ce ne soit pas n'importe quel idiot qui dirige la france, grâce à un sondage d'opinion fait avec une bande de cons selon un impératif de représentativité auquel personne ne croit

Lecture peinée

La Prophétie des Andes est peut être le cycle de bouquin le plus stupide que j'ai pu lire dans cette vie. Une intrigue poussive, une écriture lourde, gourde, gourdasse, pseudo-didactique , qui finit par faire passer les Pensées de Pascal pour du Salman Rushdie, avec certains prolongements qui me font penser à l'univers sectaire (Nous détenons la vérité).

J'admets que l'on puisse encore penser les choses de manière idéaliste, mais de là, à sombrer dans un tel univers de faux semblants (en un mot, de religion) avec cette suffisance du croyant pour qui la facilité de conversion authentifie la légitimité de sa foi (je suis arrivé à LA vérité puisque ... sans s'interroger sur ce puisque), on est pas loin du délire skinnerien appliqué à de doctrines spiritualistes.

En tant que Fiction, je considère ce cycle comme ou une perte de temps (et pourtant j'ai lu jusqu'au bout, m'attendant à un vrai changement, une évolution, un ticket-restaurant, bah non, rien). Comme roman utopique, c'est un bon condensé de niaiserie spiritualiste dont l'originalité dogmatique semble résulter d'une mauvaise digestion des religions orientales à la sauce xfiles.

Début

Bon, eh bien, je suis en train de faire migrer mon blog d'over-blog, vu que c'est devenu pourri pour y faire quoi que ce soit, après leur fusion avec Wikio. Mes premiers posts reproduiront ceux de mon blog originel.