Ne roulant pas sur l'or, j'ai pu avoir une écoute attentive du tout dernier Deathspell Omega sur deezer. Et d'être à nouveau surpris par ce groupe très particulier.
Deathspell Omega est connu dans l'underground du metal extrême comme pratiquant un black metal aussi malsain que sophistiqué, le tout dans une approche extrêmement érudite de certains points de théologie chrétienne. Après un Fas- Ite, maledicti in ignem Aeternum d'une intensité rarement atteinte dans le genre, tant dans la violence que dans l'atmosphère, proprement irrespirable, je m'attendais à une continuïté et une condensation dans la violence exprimée, en gardant cette ambiance ténêbreuse suffocante.
Je me suis trompé. Si la violence est toujours présente, l'opus se concentre davantage sur les ambiances, empruntant parfois des sentiers un peu saugrenus, comme le mid tempo Dearth, dont les accents désolés peuvent rappeller Cult Of Luna période Somewhere along the highway . Le post hardcore n'a jamais été une influence criante à ce que j'ai pu entendre de leurs méfaits précédents, ni de l'album que je possède.
Le groupe garde cependant sa marque de fabrique à travers des structures assez difficiles d'approche, une violence vindicative évocatrice d'un chaos contrôlé, une batterie quasi free-jazz dans sa propension à éviter la linéarité (Devouring Famine, sorte de mini Fas). La différence réside vraiment dans l'apparition de passages mélodiques au spectre étrangement restreint, aboutissant parfois à des clôtures majestueuses (Epiklesis II, et un Phosphene implacable) pouvant rappeller l'Immolation de Failure for Gods, ou à l'apparition du groove notamment dans les motifs de basse surnageant cet océan de noirceur (Le monstrueux Have you Beheld the fevers?) .
En tant que clôture de leur fameuse trilogie, Paracletus n'est pas une conclusion. L'envisager dans sa continuïté par rapport aux autres albums seraient une erreur -erreur que je me suis fait joie de commettre- cette musique n'est absolument pas là pour éclairer, elle est une évocation imagée d'un concept qui lui même attend un effort particulier de l'auditeur pour être compris et appréhendé. La triple violence est ici : violence de la musique, violence de la démarche artistique, violence de la réception.
Les trois voies pour amener l'auditeur à la clarté des ténèbres.
Deathspell Omega - Paracletus