jeudi 4 novembre 2010

Un article ; ce que j'en conclus sur les blogs en général

Un petit extrait qui m'a interpellé dans le journal, sous le titre "Menaces sur le web : les drôles d'excuses du blogueur"
 
"Interpellé vendredi pour avoir menacé sur son blog de commettre un massacre à la réunion, l'internaute dionysien a posté un surprenant message d'excuses publiques hier matin sur ce même site.

"Permettez moi de vous exprimer mes excuses les plus sincères pour les propos tenus mardi dernier, les réflexions et les états d'êmae personnels n'auraient jamais dû être publiés sur un site professionnel , même si on peut comprendre la difficulté passagère et les quelques tensions qui peuvent exister dans chacun de nos quotidiens"

posté hier matin sur son blog musical, ce message d'excuses intitulé "petite mise au point" et signé de l'internaute dionysien "Alias" a rapidement remplacé le long article de menaces publié mardi par ce même blogueur
Ayant semble t il pris conscience de la panique suscitée par ses propos relatant son intention de commettre un carnage à la Réunion avant de mettre fin à ses jours, le Dionysien de 35 ans a rapidement réagi en publiant cet acte de contrition pour des écrits attribués à son état dépressif. Des faits de menaces publiques qui lui ont valu vendredi un rappel à la loi, après son interpellation et la perquisition de son domicile par les enquêteurs de la sûreté départementale.
Il faut dire que la police avait pris l'affaire très au sérieux après que le message ait été signalé par de nombreux internautes (...)
Toutefois, la teneur du message publié hier peut encore laisser songeur. Sur 30 lignes de texte, à peine cinq sont consacrées aux excuses à proprement parler, les 25 autres s'attachant à rappeler un peu lourdement toutes les réalisations et belles trouvailles du blog, et appelant les internautes à le visiter plus souvent"
 
Paru dans le Journal de l'Ile de la Réunion d'aujourd'hui page 4 à la rubrique Fait Divers par Sébastien Gignoux (j'ai modifié la mise en forme).
 
Quelques remarques sur le principe :
 
- la prétention des gens est impressionnante quand ils créent un blog. Ils croient que ce qu'ils écrivent est ou doit avoir une grande importance. En l'occurence un blog n'est, en tout et pour tout, qu'un journal intime où son opinion occupe une place prépondérante.
Une opinion est toujours subjective. Son importance ne peut donc résider que sur deux points 
Le premier est l'égocentrisme. Elle peut aboutir à la recherche du fanboyisme
Le second est la controverse. L'objectif est de parvenir au consensus entre soi et autrui (en d'autres termes une transformation de soi par la conquête de l'approbation d'autrui).
 
- Au delà de cette prétention à croire que ce que l'on pense a de la valeur, il existe une prétention plus grave encore, celle d'écrire quand l'on ne devrait pas écrire. Quand ne doit on pas écrire ? Quand le sentiment qui anime le blogueur le pousse à davantage exprimer son agitation qu'à prendre du recul par rapport à sa réaction.
Notez bien que je ne reproche pas au blogueur d'avoir une réaction violente ; simplement elle ne devrait pas dépasser la sphère strictement privée, ni s'épancher dans une prose conformiste et convenue.
 
Devenir le nègre de ses propres passions, en cristallisant un état transitoire bariolé, n'a d'intérêt que pour ceux qui préfèrent traiter une information purement contextuelle, que de chercher une vision d'ensemble constituée d'une constellation de perceptions et d'actions dissemblables.
 
Il vaut mieux se décharger de toute l'émotion ressentie pour ensuite s'intéresser  aux raisons de cette réaction. Pourquoi tel fait suscite avec une telle violence ma réaction ? Quelle part de moi-même cet évènement heurte t-il? Qu'ont ils à gagner à agir ainsi ? On aura soin, au préalable, de se remémorer, ou d'avoir consigné l'intensité de sa colère, dans une démarche rétrospective, et non à exhiber sur le net sa vertu blessée au premier quidam venu.
Une fois que l'on parvient à avoir un regard distancié sur sa première réaction, on peut envisager d'en retranscrire la teneur. Quitte à la moduler selon les apports exterieurs, ou au fur et à mesure que l'on redécouvre des moyens de l'évaluer autrement que par le strict critère affectif.
 
Une réaction n'a rien d'intéressant tant qu'elle ne fait que de se renvoyer à elle même. La paraphrase imparfaite n'intéresse que les imbéciles. Dés lors que cette réaction aboutit à une action, il est intéressant d'en rendre compte et d'en discuter, dans une volonté de "corriger" l'évènement qui l'a engendrée, dans une volonté d'exprimer sa position face à cet évènement, ou en vue de la rectifier. 
 
Nous arrivons au terme de mes  réflexions oiseuses. Les gens doivent éviter d'utiliser les blogs comme l'antichambre de leurs affects, car cela n'est certainement pas un motif de discussion. Bien plus intéressants sont ce qu'eux mêmes en tirent, et ce qu'ils en font pour influer sur le monde qui les entoure . De manière générale, un blog ne devrait pas tant servir de défouloir, que constituer un outil pour l'enrichissement de son expérience et sa perception. Le piège est de finir par convaincre autrui que notre discours fait partie d'une action sur le point de se produire, alors qu'il n'est généralement qu'une expression définitive d'un état fugitif.